TOURBE
Jules Destrigneville and Herve Lambert Letters
1st May
Boredom and bad moral at the front
Comme je le pensais, j’ai reçu votre belle carte hier soir. Ici aussi la vie est bien monotone, aussi personne n’est gai, les jours sont sans fin et c’est toujours pareil, le premier mai, bientôt moitié d’une année cela va-t-il durer encore longtemps, nous avons moitié fait, encore quatre jours et nous irons au repos, cela nous changera un peu.
Il fait toujours un temps superbe, mais ce n’est pas ici qu’il faudrait être, une belle promenade au bois de Vincennes serrés l’un près de l’autre, là seulement nous serons heureux.
Je ne sais si mon cousin a terminé sa permission, mais il n’a même pas eu le courage de m’envoyer un mot, c’est très gentil de sa part, il peut attendre aussi.
Mes parents vont bien et vous envoient le bonjour.
2nd May
Boredom in the frontlines
Après vous avoir écrit hier, j’ai reçu votre lettre du 29. Rien de nouveau depuis, c’est toujours calme et encore trois jours et nous serons quittes, encore une fois pour huit jours nous irons au repos où nous allions avant, pourvu que les boches bombardent plus car c’est plutôt moche d’être réveillé en sursaut quand moitié de la maison s’écroule.
Toute cette nuit et ce matin, on n’entend même pas un coup de canon, ni de fusil, ce calme est triste et morne. Allons-nous donc rester ainsi des mois encore à vivre de cette vie des taupes, c’est décourageant à la fin. Hier après-midi, nous avons eu un orage vers trois heures et le tonnerre grondait fort, mais il n’a presque pas plu. Aujourd’hui, le temps est remis et il fait même bien chaud. Il est deux heures et je pense toujours à ces bonnes après-midis où nous avions le bonheur d’être ensemble, quand donc cela reviendra.
J’ai épuisé mes cartes mais j’espère en trouver quand nous serons au repos.
Le bonjour à mon oncle. Je termine en vous embrassant ainsi que maman de tout mon cœur.
5th May
Arrived back at Neuville for rest period in the morning
Nous sommes arrivés au repos ce matin, je n’étais pas trop fatiguée après quelques heures de repos, cela va très bien.
Je n’ai pas comme je le pensais reçu de vos nouvelles aujourd’hui, ce sera pour demain. Rien de nouveau, nous sommes à peu près bien logés, mais nous sommes contents de peu de chose Quand aux permissions, je ne sais encore rien. Je termine en vous embrassant ainsi que maman, de tout mon cœur.
Herve Lambert Letter:
Nous voici au repos pour 8 jours. Ma santé se maintient toujours et j’espère que ma missive vous trouve toujours la plus parfaite. Après 8 jours de tranchées nous sommes au repos.
Nous étions en réserve et je vous assure qu’il nous en fait rôter des corvées sur corvées . Je ne vois rien d ‘intéressant à vous signaler quelques raies d’espions boches sur nos lignes et les nôtres de même sur les leurs….
Les belles journées nous favorisent et je crois que dans notre beau Midi il doit être ensoleillé. J’ai quelque chose à vous demander quand vous m ‘envoyez un colis d’y mettre un couteau n’importe quelle marque « Vendetta » si vous voulez.
Espérant vous lire longuement.
7th May
Rumour mill of new sector destination – Permissions issue
Merci de votre belle carte et je suis content que vous alliez mieux, ce ne sera rien je l’espère. C’est dimanche, nous ne faisons rien aussi je vais bien trouver le temps long, demain nous commençons l’exercice. Au sujet des permissions, mauvaises nouvelles, maintenant faut pas y compter avant trois mois au lieu d’être avantagés nous sommes retardés, mais j’espère que d’ici-là, ce sera fini et ce sera pour toujours que nous serons ensemble.
Des bruits de départ circulent encore, d’ici quelques jours nous partirons du coté de Compiègne, mais là-bas c’est bon.
9th May
Deux mots, je rentre de l’exercice et j’ai juste le temps de vous envoyer cette carte. Rien de nouveau, le pays a été bombardé ce matin, mais comme nous étions à l’exercice, nous n’avons rien reçu, c’est une veine.
Toujours la même vie et quelle vie !
Je suis en bonne santé et je vous embrasse de tout mon cœur.
11th May
Back in trenches tomorrow – again bombarded at night in Neuville
Rien de nouveau, nous remontons demain je crois, mais nous n’avons pas encore d’ordre. Cette nuit a été mouvementée pour nous à plusieurs reprises, nous avons été bombardés et obligés de gagner les caves au galop. Heureusement, plus de peur que de mal quelques maisons démolies, mais pas un blessé, mais nous n’avons pas dormi. Aujourd’hui exercice, pourvu que cela ne recommence pas cette nuit.
13th May
Reserve trenches with little shelter
Nous sommes aux tranchées en réserve pour le moment, mais ce n’est pas fameux, j’aimerais autant être en 1er ligne, nous n’avons pas d’abris solides et les obus arrivent sans arrêt. Pour le moment, tout va bien, nous n’avons pas de blessés, nous sommes terrés dans nos trous et nous entendons siffler les obus nous demandant si celui-ci n’est pas pour nous. Je suis en bonne santé, j’espère que ma carte vous trouvera tous de même.
Heureux anniversaire, l’année dernière c’était meilleur, mais le prochain sera plus doux pour nous.
Je vous aime, non pas un peu comme dit la carte, mais je vous adore et vous chéris de tout ce que mon cœur peut donner pour une tendre aimée, ma chère Jeanne
14th May
Flooded trenches
Un bien triste dimanche qu’aujourd’hui, depuis hier soir il tombe de l’eau, jamais jusqu’à maintenant tous n’avons été si mal, les boyaux sont profonds et étroits, à l’impossible nous avions de l’eau à mi jambes, aussi pour marcher nous sommes obligés de nous appuyer contre les parois de ces boyaux, alors des pieds à la tête nous sommes couverts de boue, si ce temps continue encore un peu, je nous vois propres là-dedans. S’il fait le même temps à Paris, vous ne pourrez sortir de la journée, aussi chère mignonne, vous allez bien trouver cette journée longue. Je pense que maintenant vous êtes complètement rétablie, quant à moi malgré tout, la santé est bonne et c’est un bonheur car il ne fait pas bon être malade ici. J’ai eu mal aux jambes un moment, mais c’est passé, un peu de fatigue sans doute.
Je n’ai pas encore reçu de nouvelles de mon frère, mais de chez nous les lettres mettent toujours 4 à 5 jours, alors rien n’est perdu.
Rien de nouveau, les boches nous ont laissé la paix cette nuit et ce matin mais ce calme ne veut pas durer.
Cet après-midi je vais travailler à nettoyer nos tranchées car dans un jour ou deux nous ne pourrions plus circuler.
16th May
Nothing new to report
J’ai reçu hier votre lettre du 13, merci de vos bonnes et douces pensées, car chère adorée vous êtes mon seul bonheur et ma plus chère espérance pour bientôt, je l’espère. Comme les jours me paraissent longs, d’être si loin et depuis si longtemps séparés de ma bien aimée, aussi bien souvent je regarde votre chère photographie et il me semble que je suis moins seul. Rien de nouveau, rien non plus de mon Frère, le temps semble se remettre au beau et ce n’est pas malheureux. Suis en bonne santé et je vous embrasse bien fort, comme je vous aime.
17th May
Black like chimney sweeps thanks to mud and dust
Il fait une journée superbe, un soleil radieux depuis ce matin. Pas un coup de canon par ici, nous n’entendons que les oiseaux chanter car ce sont nos seuls compagnons.
Ce jour de votre anniversaire me rappelle une belle journée de l’année dernière, mais hélas cette année nos cœurs et nos pensées ont beau être ensemble, un grand vide nous sépare pour ce beau jour, espérons ma mignonne que l’année prochaine, ce ne sera pas ainsi et que nous serons unis pour toujours.
Les jours passent bien tristes et c’est toujours pas de changement dans la situation et j’ai tout lieu de croire que d’après les préparations que l’on fait, nous irons encore loin. Je n’ose même pas dire un hiver encore, à moins d’un coup de foudre qui changerait tout.
Je suis en bonne santé et j’espère que ma lettre vous trouvera tous de même. Votre père est-il toujours tel envers vous, ne vous fait-il pas quelques réflexions sur mes lettres car il doit en voir quelques-unes arriver.
Rien encore de mon frère, je n’ai rien reçu de lui ou de chez nous hier.
Nous avons encore deux jours à rester ici, ensuite nous irons en première ligne. Ici l’eau nous manque totalement, pas moyen de se laver, aussi nous sommes noirs comme des ramoneurs. Quelle vie quand même.
Je ne vois rien de plus aujourd’hui.
18th May
317e losses at Massiges
J’ai reçu hier votre lettre du 15, je suis heureux que dimanche vous ayez pu vous distraire un peu, comme vous le dites en effet le 317 est près de nous à notre gauche, même ces jours-ci, ils ont eu part à l’attaque que vous avez dû voir sur le journal, mais jamais nous ne prenons leur cantonnement.
Dans cette attaque, il n’y a pas eu trop de morts, c’est l’artillerie qui a tout fait. Ici c’est assez tranquille, nous recevons de 200 à 300 obus par jour, mais cela n’est rien, car dans une heure, ils pourraient nous en lancer plus que cela.
(Pas se signature sur la carte)
19th May
Morning German bombardment and asking for more money and cards
Une belle journée se prépare encore, il est 9h et il fait déjà bien chaud.
C’est notre tour aujourd’hui de bombarder les boches car depuis 5h ça tape sans arrêt, nous sommes à proximité des pièces, aussi nous avons la tête cassée, mais gare quand les boches vont répondre. Dans mes lettres, c’est tout, le récit de la vie que nous passons ici, plus triste hélas que gaie car les bons moments sont rares. Souvent je me prends à rêver aux beaux jours passés l’un près de l’autre, ma pensée est toujours près de vous. Je vous vois faire votre travail habituel et vos causeries avec votre mère, beaux jours passés quand reviendront-ils.
Chère mignonne, je vais vous demander beaucoup aujourd’hui, mais je sais que vous serez gentille de m’envoyer 25f, comme d’habitude, j’aurai ma lettre en arrivant au repos car les lettres recommandées restent avec le vaguemestre, elles ne viennent pas aux tranchées et ici nous n’avons pas besoin de beaucoup d’argent à part quelques litres de vin quand on a le bonheur de pouvoir en avoir par le cycliste. Maintenant, chère Jeanne je voudrais bien un jeu de cartes, nous n’en avons plus et on ne peut en trouver car parfois on fait une manille pour se distraire un peu.
20th May
Chère Mignonne
J’ai reçu hier votre lettre du 17. Tranquillisez-vous chère aimée, si par moment j’ai le cafard cela passe, faut se faire une raison et j’attends avec courage la fin de nos tourments. Vos chères lettres sont pour moi une grande consolation et je suis heureux d’être ainsi aimé.
Rien de nouveau, je suis en bonne santé et j’espère qu’il en est de même pour vous tous. Je vous quitte en vous embrasant bien fort, comme je vous aime
André
21st May
Issue with Fleas and lack of drinkable water
Dimanche et une belle journée se prépare. Encore, un triste jour à passer enfermé dans son trou tout seul avec ses pensées plus ou moins gaies.
Mais, chère mignonne, j’espère que vous profitez de ce beau temps pour faire une promenade, nous sommes en première ligne depuis cette nuit, toujours pareil car nous sommes toujours aux mêmes emplacements. J’ai veillé une partie de la nuit et ce matin, j’ai voulu me reposer un peu, impossible tellement il y a de puces, c’est incroyable, elles vont nous bouffer tout vivant si cela continue. Je crois que c’est les rats qui nous amènent toutes ces saletés. Nous ne sommes pas heureux pour l’eau, car partout elle est empoisonnée, défense absolue d’en boire sans être stérilisée, on ne nous en donne pas, c’est bien ça le fourbi militaire. Malgré tout, je suis en bonne santé et j’espère continuer.
J’attends une lettre aujourd’hui, vivement trois heures.
Je termine en vous embrassant de tout mon cœur ainsi que votre bonne maman.
22nd May
Chère Mignonne
J’ai reçu hier soir votre joie carte, aussi sont-elles toutes de charmants souvenirs pour moi. Merci de tout mon cœur chère Jeanne. Rien de nouveau, nous avons beau temps aussi même l’après-midi, il fait bien chaud, encore 6 jours d’enfer et ensuite un peu de repos, cela passe tout de même.
A demain, je vous embrasse de tout mon cœur.
Votre bien aimé
23rd May
Calm on Tourbe front
J’ai reçu hier votre grande lettre du 20. J’ai passé un moment délicieux en lisant cette chère lettre, mon seul plaisir ici. Toujours rien de nouveau, les jours passent sans changement, pas même une lueur d’espoir sur la fin de ce carnage. Cela va-t-il durer ainsi encore longtemps. Quant aux permissions, mon tour est toujours bien loin et j’attends avec impatience ce jour où je pourrais aller vous embrasser.
Ma chère Jeanne, cette séparation est bien douloureuse pour nous, mais sommes forts en notre amour et plus tard nous aurons vite oublié tous ces mauvais jours. Encore 5 jours à passer, le secteur est toujours calme, plus calme même que quand nous étions en réserve, quelques obus c’est tout.
Il fait un temps superbe, quelles jolies promenades ferions-nous, si ce n’était ce cauchemar de guerre. Tous nous en sommes bien las.
Je suis en bonne santé et j’espère qu’il en est de même pour vous tous.
24th May
Ma Jeanne Bien Aimée
Encore quatre jours à passer ici, le beau temps continue, rien de nouveau, mais c’est long, c’est long. Quelles grandes et tristes journées on ne sait comment les employer car on a dégout sur tout. Je n’ai pas de nouvelles de Barbier depuis un moment, mais lui aussi se trouve dans un secteur assez calme, donc rien à craindre. J’attends de vos nouvelles ce soir car aujourd’hui j’ai un peu le cafard, mais ce n’est rien cela passera.
Le bonjour à mon oncle et à Mme Yvernelle. Je termine en vous embrassant bien fort
Votre Aimé
25th May
Death of solider Henri Monternier
Hier, je vous disais que j’avais un peu le cafard, aussi je me mets à écrire pour passer un moment avec vous, il me semble alors que je suis moins seul et j’oublie pour un moment notre misère d’ici. Ce n’est pas drôle 16 jours dans ces tranchées, c’est long, on mange mal, on repose plus mal encore et les derniers jours semblent sans fin. Tout le monde est morose, tout le monde se plaint, personne ne songe plus à rire.
Hier je pensais recevoir une lettre, mais comme je n’ai rien reçu, je pense que vous avez dû m’envoyer de l’argent et ces lettres recommandées, nous les avons seulement au repos.
Toujours rien de nouveau, les jours se succèdent sans changement, par moment quelques rafales d’artillerie et après le calme complet. Hier, nous avons eu un tué, le pauvre gars une balle en plein front en regardant par un créneau, il n’a pas souffert, encore un de plus à cette longue liste des morts.
Je suis en bonne santé, mes parents également, de mon frère je n’ai encore rien reçu depuis son retour à Paris. Quel flemmard, quand vous le verrez, vous pourrez le lui dire.
Le temps est revenu au beau, car hier nous avons eu dans la soirée un orage et cette nuit il a plu, mais c matin le soleil s’est montré et c’est le beau temps j’espère. Je pense que vous faites toujours vos promenades matinales, promenades qui nous rappellent de chers souvenirs, à quand donc la réalité et enfin le vrai bonheur.
Mes plus tendres baisers.
26th May
Heavy bombardment with 105′ 150′ 210′ 305′ shells
J’ai bien reçu votre lettre du 23 hier, merci ma bonne mignonne de m’écrire deux lettres de suite, car comme je vous le disais hier, celle qui est recommandée, je l’aurai seulement lundi, puisque nous descendons dimanche soir. Je vous remercie d’avance de votre colis, peut-être l’aurais-je même ici, je vous le dirai aussitôt.
Chère Jeanne, je rentre aussi de faire une promenade matinale car il est 4h, je suis de service toute cette nuit et je viens de voir tous les petits postes, cette promenade ne vaut pas assurément une promenade au bois de Vincennes.
Il a plu une partie de cette nuit, nous voilà encore dans la boue car ici l’eau reste sur la terre et dans rien de temps, cela forme une bouillie extraordinaire.
Toujours rien de nouveau, hier au soir par un moment je craignais que cette fois cela y était car les boches nous ont bombardé pendant 1h mais d’une violence sans pareille 105 -150 – 210- 305 torpilles tout tapait ensemble et quand cela terminé, on craignait une attaque mais heureusement non, quelques blessés, c’est tout et c’est redevenu calme.
27th May
Ma Mignonne
Bien tristes journées, depuis hier il tombe de l’eau, rien de nouveau mais le meilleur c’est demain que nous faisons la relève. Ce n’est pas trop tôt car avec la nourriture que nous avons ici, nous n’irons pas longtemps sans tomber de faiblesse. J’ai reçu hier des nouvelles de mon frère et comme toujours ce n’est pas de sa faute dit-il – Quel blagueur.
J’espère que ma carte vous trouvera tous en bonne santé, je vous embrasse de tout mon cœur.
28th May
Lack of sleep and beds
J’ai reçu hier votre lettre du 25 et comme je suis de service encore cette nuit, je vais passer un moment avec vous. Les nuits sont courtes cependant, mais moi je les trouve bien grands surtouts quand il faut veiller. La nuit, c’est toujours plus triste, on ne voit rien ou presque rien, aussi faut ouvrir l’œil avec ces sales boches, il y a tout à craindre d’eux.
Je suis en bonne santé, un peu fatigué mais c’est aujourd’hui que nous partons, 8 jours de repos vont nous remettre d’aplomb, on pourra au moins se reposer un peu mieux car voilà tout de même 16 jours qu’il faut coucher avec ses souliers et 8 jours équipés de fusil près de la main. Bientôt, nous ne saurons plus ce que c’est qu’un lit. Je n’ai pas encore reçu votre colis mais tout cela doit être arrivé, je trouverai cela en arrivant demain. Rien de nouveau, le temps semble vouloir se remettre au beau, tant mieux c’est toujours plus gai.
Toujours rien de Barbier, je lui envoie un mot en même temps. Ici c’est calme mais ça cogne toujours fort sur Verdun, c’est terrible ceux qui vont encore tomber là, on n’arrêtera donc pas ce massacre, c’est terrible. Ma mignonne, quelle joie pour nous, quand on parlera de paix et comme je vous aimerai d’avoir été si gentille pour moi, pour l’instant c’est notre rêve à tous les deux.
J’espère que ces deux mots vous trouveront en bonne santé.
29th May
Rest period starts
Merci de tout mon cœur de votre bonté. J’arrive au repos et j’ai trouvé lettre et colis tout est bien arrivé. Nous voilà pour 8 jours au repos, ce n’est pas dommage, nous allons pouvoir nous reposer un peu. Je viens de recevoir votre lettre du 27 et je vous écris aussitôt. Nous sommes arrivés ce matin à 3h ici, mais nous avons reposé un peu, la relève s’est passée sans incidents. J’ai pu trouver encore quelques cartes dans le pays mais celles-ci sont moins belles. Ma mignonne, ici nous n’avons pas le choix, mais j’espère qu’elles vous feront plaisir et plus tard nous aimerons à regarder ces cartes qui nous rappelleront notre grande séparation, bien cruelle pour nos deux cœurs.
Vous me demandez si mon cafard est passé, oui pour le moment cela va bien mais voyez-vous on a beau être fort, par moment j’ai le cœur bien gros et quoi dire et faire quand on est muré dans ces tranchées.
Je suis en bonne santé et j’espère que ma lettre vous trouvera tous de même.
30th May
Chère Jeanne
Rien de bien nouveau, nous avons été bombardés cette nuit mails il n’y a eu rien de bien grave, quelques blessés, mais pas chez nous. Je viens de prendre la garde au poste de police en voilà pour 24h mais ce n’est pas dur, nous allons faire des manilles.
Je vous embrasse bien fort.
31st May
Ma Jeanne Aimée
Je rentre de garde et je viens de recevoir votre lettre du 29. Toujours rien de nouveau, je suis en bonne santé. Depuis quelques temps, je m’ennuie bien ma mignonne, c’est bien long aussi et parfois je désespère mais je vous aime plus que tout au monde et dans notre amour, c’est tout mon courage.
Mes plus doux baisers.