TOURBE Sector
1st April
J’ai reçu hier votre lettre du 28, chères lettres que j’attends avec impatience car vos tendres et si bonnes paroles me réconfortent, elles me feront attendre avec moins de soucis, la fin de notre séparation. Il fait beau maintenant mais nous avons beaucoup de malades, moi aussi j’ai été deux jours, cela n’allait pas fort, mais c’est fini. Tant de fatigues et mauvaise nourriture c’est forcé.
Rien de nouveau. A demain, je vous quitte chère mignonne en vous embrassant de tout mon cœur.
2nd April
Out the trenches tonight after 8 days straight
Dimanche, aujourd’hui et une belle journée se prépare. J’espère que vous en aurez profité pour sortir. Pour moi c’est bon aussi, car c’est ce soir que nous partons d’ici et ma fois nous en avons tous assez. 8 jours consécutifs de tranchées c’est long et fatiguant. Je ne sais si vous n’avez pas eu la visite de zeppelins car cette nuit nous en avons entendu passer, mais j’espère qu’on les aura découverts et forcés de faire demi-tour. Rien de nouveau, voir de si belles journées et être muré dans la terre cela ne vaut pas une bonne promenade au bois de Vincennes, mais bientôt nous nous rattraperons j’espère, la vie nous semblera bonne. Les avions sillonnent le ciel et parfois nous assistons à des chasses mouvementées, cela nous distrait un moment.
Je suis en bonne santé et j’espère que ma carte vous trouvera tous de même.
3rd April
New accommodation in Neuville
Je viens de recevoir votre gentille carte du 1er avril, merci mais chère mignonne de penser ainsi à moi. Nous sommes arrivés cette nuit au repos, toujours au même pays, mais cette fois nous avons changé de cantonnement et nous sommes mieux.
Nous sommes arrivés à 4h du matin et aujourd’hui revues, c’est pire que dans l’active, aussi les hommes murmurent bien fort. J’espère que cette fois nous ferons nos huit jours entiers de repos car je crois que ça va mieux, d’ici quelques jours les permissions vont reprendre, c’est bon signe, mais pour moi c’est 6 semaines de perdues mais j’aimerais mieux ne plus y retourner et revenir pour de bon.
Il fait un temps splendide et le soleil en même temps, voir de si belles journées et de se voir ici, il y a de quoi avoir le cafard par moment. A la fin de ce repos, je suis proposé de nouveau pour aller faire un stage comme grenadier pendant 7 jours, enfin nous verrons la première fois n’a pas eu lieu peut-être que la seconde réussira mieux ou sera-t-elle pareille, mais je couperais toujours à quelques jours de tranchées. Deux classes de chez nous vont encore partir, me dites-vous, mais je me demande où nous allons, mon cousin Louis doit partir aussi je crois, mais d’après les journaux mon oncle de Charenton doit rester, c’est terrible d’en venir à cette extrémité, car par moment cela fait de la peine de voir les hommes que nous avons, et partout c’est bien pareil.
Je termine en vous embrassant ainsi que votre mère de tout mon cœur.
4th April
Bombardment of Neuville during the day
Je viens de recevoir votre lettre du 1er et je profite d’un moment de répits pour vous écrire. Ce matin vers 10h nous avons eu une chaude alerte, les boches ont bombardé le village où nous sommes au repos, une cinquantaine d’obus de gros calibre, nous nous sommes précipités dans des caves, mais malheureusement il y a des morts et des blessés, notre compagnie n’a rien eu, c’est une veine, nous sommes sur le qui-vive car je crois bien qu’ils ne s’en tiendront pas à un seul bombardement. Partout nous sommes exposés, avec ces sales boches on n’est jamais tranquille, nous nous croyons bien en sûreté car depuis longtemps ils n’avaient pas bombardé et tout d’un coup ça rapplique. Je suis en bonne santé, ce repos nous semble bon car nous pouvons manger un peu mieux et dormir aussi. Il commence à pleuvoir, c’est bien ennuyeux car depuis un moment nous avions un temps superbe. Je vais aller faire un tour dans le pays, s’il y a moyen de trouver encore quelques cartes, car ce n’est pas les boulevards pour trouver quelque chose de passable. Je pense que vous avez eu mon frère dimanche et aura-t-il été moins pressé de partir. Quel type, lui au moins trouve la vie belle, car jusqu’à maintenant il a eu la chance de rester et la seule chose que je lui souhaite c’est de rester ainsi le plus longtemps possible.
Je vous quitte chère bien aimée en vous envoyant mes plus doux baisers.
5th April
Je n’ai qu’une minute pour vous envoyer un mot. Rien de nouveau, nous n’avons pas été bombardés depuis hier. Demain je vais à Dampierre pour 8 jours à l’école de grenadiers.
Je vous écrirai demain car je suis de service.
Je vous embrasse très fort.
6th April
Training starts for Grenadier squad
J’arrive à Dampierre pour 6 jours faire un stage de grenadier, comme je vous en ai parlé mais le plus ennuyeux pour moi c’est que je ne recevrai plus de lettres avant 6 jours car elles resteront à la compagnie et un camarade va me les garder.
Nous sommes dans les champs, dans un grand baraquement, le pays il n’y a rien, car les civils sont presque tous partis, car ce n’est pas encore très loin du front. J’ai trouvé un collègue qui justement est instructeur dans ce camp, alors je partage une chambre avec lui, ce n’est pas mal, quant à la nourriture je ne sais pas très bien comment nous allons faire, mais je ne serai toujours pas le plus malheureux, mon copain va arranger cela.
Nous avons fait la route en voiture, car c’est encore loin de notre cantonnement où nous avons tout notre fourbi.
Il fait beau, si ce temps continue nous serons bien, cela va nous changer un peu et je ferai moins de jours de tranchées, si plus tard ces équipes s’organisent, ce ne serait pas mauvais, mais j’espère que nous verrons la fin avant cela.
Rien de plus pour aujourd’hui, à demain.
7th April
Je rentre de l’exercice et je vous envoie un mot de suite, car les lettres partent à midi.
L’exercice ne sera pas trop dur, ce sera pour nous une partie de plaisir, de 8 à 11 et de 1h à 5 théories et exercices de lancement, mais comme je vous le disais hier je vais m’ennuyer de ne rien recevoir pendant ces 8 jours.
Je suis en bonne santé et j’espère que ma carte vous trouvera tous de même.
Je vous embrasse de tout mon cœur.
8th April
Why he wants to do his grenadier training to create a squad
Je suis bien désœuvré et désorienté de ne pas recevoir ces chères et bonnes lettres qui me font tant plaisir et encore 6 jours à passer ainsi, je repars le 13 et j’irai retrouver la cie car elle sera remontée aux tranchées.
Le canon fait rage en ce moment dans bien des places et il est encore question de nous changer, c’est mauvais signe mais tranquillisons-nous, du moment que nous savons que je reviendrai, ma seule distraction c’est de vous écrire car dans ce moment-là il me semble que je suis moins seul. Comme travail ce n’est pas pénible et cela ne dure pas longtemps, si plus tard on forme des équipes spéciales dans notre bataillon et que j’ai comme je le pense la chance d’en faire partie ce serait bon à prendre, car nous risquerions bien moins que les camarades, premièrement nous ne partons pas à l’attaque et comme chef d’équipe, nous passons derrière.
Nous sommes 32 sous-officiers ici de tout de sorte de régiments, hier soir nous avons eu concert car dans le nombre il y a des chanteurs épatants, c’était pour une heure de distraction.
J’espère que mes lettres vous parviendront encore vite, mais cela m’ennuie au cas où elles n’arriveraient pas, et je ne pourrais même pas le savoir.
Rien de plus pour aujourd’hui. Embrassez votre mère pour moi.
9th April
Neuville rest area bombarded again
Ma Jeanne Bien Aimée
Encore quatre jours, sans pouvoir avoir de vos nouvelles et je ne sais comment cela va aller.
Mon Bataillon est parti, mais je ne sais où, nous n’avons plus de journaux, le canon fait rage sur un grand front, que se passe -t-il, nous ne pouvons rien savoir.
Je crois que j’ai encore de la veine d’être venu ici en ce moment, car je couperai à bien des ennuis, surtout d’un départ. Le pays (Neuville) où nous étions au repos a été de nouveau bombardé, mais cette fois 400 obus et des gros, tous les civils s’en vont.
Je vous embrasse bien fort.
10th April
The full 315e regiment now arrive in the area
Hier je vous ai dit que mon Bataillon était parti, c’est même tout le Régiment car hier soir notre exercice a pris fin a 2h½, ensuite nous étions libres et pour une fois et par un fait du hasard, j’apprends aussitôt que le régiment est dans un pays à environ 10km. De suite je pars, et en effet j’ai trouvé ma compagnie et ce qui m’a fait le plus plaisir deux de vos lettres du 5 et du 6, aussi malgré que j’étais fatigué en revenant j’avais le cœur plus soulagé. J’ai eu aussi des nouvelles de mes parents, qui d’ailleurs vont bien et me chargent de vous envoyer le bonjour. Maintenant je ne sais si la compagnie va rester longtemps dans ce nouveau pays, on entend tellement dire d’une façon ou d’une autre que je ne peux rien vous donner de certain pour le moment. Le canon tonne toujours aussi fort, cela ne va pas hâter le rétablissement des permissions, car maintenant c’est bien final tous ces changements, il y a du louche dans cela. On craint une nouvelle offensive boche dans notre secteur de Champagne où je suis arrivé au début et je crois bien que c’est là que nous allons nous diriger. Je ne pense retourner au cantonnement avant d’avoir fini, plus que trois jours. Je prendrai patience, voilà tout pour avoir de vos nouvelles.
J’ai des collègues qui sûrement sont partis maintenant, mais je n’ai aucune nouvelle d’eux, comme nous ils doivent être au dépôt pour un moment.
Nous avons toujours du beau temps, tant mieux c’est toujours cela.
11th April
Chère Mignonne
Je n’ai rien de nouveau que je sache. Je suis toujours en bonne santé et demain c’est fini, demain soir irons retrouver la cie, car rien encore pour le départ, ils vont à l’exercice, cela ne me plait pas beaucoup, car faire de la manœuvre c’est bon dans l’active. Le canon a cessé depuis cette nuit, les boches se lasseront peut-être
Je vous envois mes plus doux baisers.
12th April
Last day of training course
Je suis sur mon départ de l’école, les cours sont finis et nous allons partir rejoindre nos cie. Il se peut que d’ici quelque temps j’aille à Chalons pour 6 jours, encore ce serait plus intéressant qu’ici mais quand même ces 6 jours se sont écoulés sans trop de mal. Quand même, je suis content de partir car ce soir j’aurai je l’espère de vos bonnes nouvelles et je reprendrai ma place à la compagnie en attendant.
Hier et aujourd’hui il fait froid, on ne voit plus de soleil même hier, nous avons eu pas mal de pluie. Je ne sais toujours rien de nouveau pour nous, peut-être allons-nous rester ici un moment.
Dans le cantonnement où nous allons ce n’est pas mal comme pays, il y a encore beaucoup de civils mais il n’y a pas de place pour nous. Heureusement qu’il fait moins froid car c’est sous de grands hangars, presque sans paille que nous pouvons coucher, même les officiers, d’un côté ou de l’autre il manque toujours quelque chose.
Dans l’attente de vos bonnes nouvelles, je termine, ma mignonne, en vous embrasant de tout mon cœur.
13th April
Back with his compagnie
Je suis rentré depuis hier soir à ma compagnie par un temps affreux, j’étais trempé jusqu’aux os. J’ai trouvé votre lettre et une charmante carte. Merci chère aimée de penser ainsi à moi. Ce matin, j’ai déjà été à l’exercice et à 1h va falloir recommencer, quelle barbe vraiment.
Rien de nouveau, combien de temps allons-nous rester ici, je ne sais.
14th April
Daily routine when at rest
Après vous avoir écrit hier, j’ai reçu votre lettre du 10. Comme toutes vos charmantes lettres, elles me font bien plaisir, mais je comprends votre ennui quand vous voyez votre tante et votre père qui est toujours sombre et de mauvaise humeur. Quelle triste vie pour vous deux. Quand donc la fin de tout cela, si seulement la guerre finissait bientôt alors après j’espère que tout finira par s’arranger et qu’enfin après tant d’ennuis nous serons enfin heureux
Rien de nouveau, il fait froid et de la pluie tout le jour. Réveil à 5h½ et exercice jusqu’à 10h, le soir de 1h à 4h½. Quelle vie surtout pour des hommes comme nous en avons. Je suis encore veinard car j’ai repris mon service de signaleur et je suis quitte de bien des heures d’exercice.
Vous me demandez si j’ai des nouvelles de Barbier, non depuis un moment, dans sa dernière lettre il était en bonne santé et pas dans un mauvais secteur, j’attends de ses nouvelles avec impatience.
15th April
Ma Jeanne Bien Aimée
Rien de nouveau, cependant hier, je vous disais que je n’avais pas de nouvelles de Barbier, mais j’en ai reçu aujourd’hui, comme moi il est en bonne santé et vous envoie le bonjour à tous. Hier j’ai enfin réussi à vous envoyer votre bague, un petit paquet que j’ai remis au vaguemestre mais vous l’aurez sans doute avant une carte. C’est demain dimanche, j’espère que l’on nous laissera tranquille, mais je vais encore trouver bien le temps long car quoi faire.
Je vous embrasse de tout mon cœur.
16th April
Starts training his compagnie of grenadiers tomorrow
Merci de tout mon cœur de votre gentille carte que je viens de recevoir, aussi comme les autres, je les conserve pour plus tard et quand on sera l’un près de l’autre, nous regarderons ces cartes, quels souvenirs pour nous.
Rien de nouveau, demain je vais commencer de former mon équipe de grenadiers, à la cie alors je n’aurai plus que ça à faire, adieu l’exercice avec le fusil car nous allons avoir des revolvers, mais la plus belle chose pour moi c’est que pour une attaque je passe après la 2em vague d’infanterie et cela c’est beaucoup.
Chère Jeanne, mes cartes s’épuisent et je ne peux plus en avoir ici, il n’y en a pas, heureusement que j’en avais quelques-unes d’avance.
Dimanche aujourd’hui, ce matin j’ai été à la messe militaire et ce soir nous avons concert par la musique d’un autre régiment et ensuite concert vocal, comme cela la journée passera moins triste.
17th April
Asking again for more money
Je viens de recevoir votre lettre du 14. Quand donc comme vous me le dites aurons-nous le bonheur de sortir ensemble. Rien de nouveau, j’ai commencé ce matin à mettre au courant mes grenadiers, j’espère être tranquille maintenant, si ce calme continue sur le front, peut-être les permissions reprendront-elles, mais mon tour est loin avec ce retard faut pas y compter, car je crois bien que nous verrons la fin avant.
Chère Jeanne, vous voudrez bien m’envoyer 25 f, toujours de la même manière, l’argent file vite ici mais tout est si cher.
J’espère que ma carte vous trouvera en bonne santé ainsi que votre mère
18th April
Training continues and currently independent of the 16e compagnie
Que vous êtes gentille, chère aimée, de m’écrire si souvent, comme vous me le dites vos lettres me font prendre patience et me donnent du courage.
C’est le meilleur moment de la journée quand les lettres arrivent et tous nous sommes bien pareils, ces chères lettres comme elles sont lues avec plaisir. Les permissions, paraît-t-il sont rétablies, mais nous ne savons pas encore la date, mais c’est toujours bientôt. Mon tour est loin avec ce retour, aussi nous avons le temps d’en parler, j’espère qu’avant nous aurons du nouveau, mais cela ne fait rien, c’est bon signe pour nous, c’est que l’on ne s’attend plus à des attaques boches.
Il fait bien mauvais, toujours la pluie, c’est dégoûtant ce temps. Je suis avec mes grenadiers, aussi ce n’est pas agréable de travailler par ce temps car pour le moment nous faisons des tranchées pour l’exercice.
Maintenant, je ne fais plus rien à la cie, je suis indépendant, c’est déjà quelque chose, aussi j’aime mieux cela.
Chère Jeanne, vous rappelez-vous d’un copain qui était en permission après moi, vous a rendu visite, je vous ai dit je crois que je ne l’avais pas revu, car à sa rentrée de permission, il était parti pour Toulouse travailler dans une usine, son examen n’a pas réussi et après un séjour au dépôt, il vient de rentrer ce soir à la compagnie, ce n’est pas de veine pour lui.
Je ne vois rien de plus pour aujourd’hui, je termine en vous embrassant ainsi que votre bonne maman, de tout mon cœur.
19th April
J’ai reçu aujourd’hui votre lettre du 17, elle avait un jour d’avance sur les autres. Je suis en bonne santé, mais comme à Paris, il fait mauvais ici, toujours de la pluie. Les permissions come je vous le disais hier sont reprises, il en part deux ce soir et un demain pourvu que cela continue. Je ne peux savoir encore mon tour, mais je pourrai bientôt le savoir. Mon frère m’a tout de même écrit aujourd’hui, il pense passer le conseil au mois de Mai me dit-il.
20th April
Concert by the 102e
Je ne veux passer un jour sans vous écrire, mais rien de nouveau ici, nous avons toujours de la pluie, c’est un sale temps car il fait froid avec cela.
La musique au 102 vient de nous donner un concert, mais toujours cette pluie qui gêne tout.
Demain, je vais être de garde car il y en a pour tout le monde- surveillance en ville et des délits. Je vais encore trouver le temps long.
21st April
Comme je vous le disais hier, je suis de garde aujourd’hui, le service n’est pas dur, mais je m’ennuie bien surtout qu’avec cela, toujours de la pluie, quelle semaine.
Je pensais recevoir une lettre aujourd’hui, mais rien sans doute elle mettra trois jours je l’aurai demain. Rien de nouveau, je vais continuer mon service. Je vous embrasse bien fort, comme je vous aime.
22nd April
New recruits arrive
Chère Jeanne, je vois que vous trouvez le temps long, mais chère adorée, prenons patience. Je suis encore le plus malheureux et je serais encore plus peiné de voir que vous avez du chagrin. Rien de nouveau, les permissions suivent leurs cours, mais comme je vous l’ai dit, mon tour est loin encore, d’un jour à l’autre tout peut changer.
Nous venons de recevoir pas mal de renforts, mais cette fois ce sont des hommes instruits et ayant tous faits campagne, cela ne veut rien dire car mes compagnies étaient fantômes, et j’espère que nous resterons ici encore un bon moment. Demain Pâques, nous ne faisons rien, même lundi non plus, encore deux jours bien longs à passer. Chère Jeanne, j’espère que vous passerez une bonne soirée au cirque, cela vous distraira un moment.
23rd April
Je reçois à l’instant votre lettre du 20, merci chère mignonne d’être si gentille.
Aujourd’hui Pâques, il fait beau, ce n’est pas malheureux après une telle semaine, nous avons repos aujourd’hui et demain.
Rien de nouveau, hier encore nous avons reçu du renfort, nous ne savons toujours pas pour combien de temps nous sommes ici.
Mon camarade qui vient de rentrer et que vous avez vu lors de sa permission, vous envoie le bonjour.
Je termine en vous embrassant de tout mon cœur.
24th April
J’ai reçu aujourd’hui votre belle carte, merci ma bonne Jeanne d’être si gentille pour moi, toutes vos bonnes lettres et vos belles cartes me font prendre patience et courage en attendant l’heureux jour où nous serons enfin heureux.
Rien de nouveau, la journée d‘hier a été belle, j’espère qu’à Paris vous avez eu du beau temps aussi. Aujourd’hui, également il a fait un temps superbe, mais nous avons eu la malchance d’aller au tir, aujourd’hui au lieu d’avoir repos comme je vous l’avais dit.
Demain, je vais reprendre mon cours avec les grenadiers, l’on ne sait toujours rien pour rester ou partir d’ici, tant mieux que nous y restions le plus longtemps possible, car quand nous partirons d’ici, nous serons plus mal sûrement.
Je suis en bonne santé et je pense que ma lettre vous trouvera tous de même. Les permissions suivent toujours leurs cours, d’ici un mois je pourrai vous dire quand je pense y aller.
Mes plus doux baisers.
25th April
On the move again
Je vous envoie deux mots à la hâte, nous nous tenons prêts à partir, mais je ne sais où car tout le régiment ne vient pas, je crois que nous changerons simplement de cantonnement mais en tout cas je ne m’en fais pas et surtout, chère mignonne, pas de mauvais sang, quoiqu’il arrive je m’en tirerais toujours. Vous serez peut-être quelques jours sans nouvelles, mais aussitôt que je pourrai écrire, je vous écrirai un mot.
Je suis en bonne santé, il fait un temps superbe, c’est bien dommage de m’en aller d’ici car nous étions à peu près installés et avec mes grenadiers, j’avais la bonne place. Mais j’espère que cela reviendra. Pour les permissions, je ne sais rien, je ne crois pas qu’elles soient arrêtées, et cela c’est bon signe. Chez nous les nouvelles sont bonnes, mes parents vous donnent le bonjour.
Les lettres ne partant que dans la nuit, si j’ai du nouveau, je vous enverrai encore un mot.
26th April
Back to the trenches tomorrow
Vous pouvez vous tranquilliser, nous partons aujourd’hui et nous reprenons notre ancien secteur d’où nous devenons, j’aime mieux cela, car un long séjour en arrière ne vaut jamais rien. Je pense recevoir de vos nouvelles, avant de partir d’ici.
A demain. Je vous écrirai aussitôt arrivé aux tranchées.
Mes meilleurs baisers
27th April
Currently replace a SLT on leave back in the Tourbe sector lines
Hier, je vous ai dit que nous partions, en effet nous venons de passer la nuit dans un autre cantonnement et nous partons ce soir aux tranchées pour 8 jours en première ligne dans notre ancien secteur de Ville-sur-Tourbe, ensuite nos 8 jours passés, nous irons au repos au même endroit que précédemment où nous avons été bombardés.
La marche était longue, aussi elle a été pénible pour tous car il faisait bien chaud, nous sommes partis à 1h et arrivés à 7h, tous à bout de courage, aussi j’ai bien dormi, j’avais une espèce de lit avec une paillasse, je suis avec les officiers car pour le moment je remplace un sous-lieutenant, parti en permission, comme mon équipe de grenadiers n’est pas encore formée, je rentre à la compagnie pour la période des tranchées et quand nous serons au repos nous reprendrons nos cours.
Je viens de recevoir des nouvelles de Barbier, il est en bonne santé et aux tranchées toujours dans la même place, il me charge de vous envoyer le bonjour. Ma tante doit être contente cette fois, comme vous me le dites, mais ne nous occupons pas de cela.
J’espère que vote père ira mieux car c’est toujours du tourment pour vous.
28th April
Ma bien Aimée
Encore une fois dans les tranchées, nous sommes arrivés cette nuit sans encombre, mais bien fatigués car c’était loin, c’est calme, pas un coup de fusil, quelques coups de canon c’est tout, mais toute la nuit il y a eu des avions et je crois même des zeppelins. Je me suis reposé un peu ce matin, maintenant ça va mais il fait chaud, nous allons souffrir de la soif.
Les permissions sont arrêtées, quel fourbi, il y a toujours quelque chose.
29th April
As normal food is an issue
Il fait un temps splendide, faut-il se voir muré ainsi dans la terre, entendre ce tapage infernal du canon, loin de ceux que l’on aime. Quand l’un près de l’autre, nous pourrons être si heureux, j’ai beau reprendre courage en lisant vos si douces lettres, par moment j’ai le cœur bien gros.
Mon service n’est pas dur une demi-nuit, sur deux, ce n’est rien car il ne fait plus froid, on se promène dans les tranchées, le temps passe encore assez vite. Hier j’ai reçu des nouvelles d’un de mes copains, qui est parti dernièrement, il est resté juste un jour au dépôt, le temps d’être habillé et en route ils sont au front en réserve, c’est vrai, mais ils ont encore plus de mal que nous.
Nous sommes toujours très mal ravitaillés, heureusement que cela ne dure que huit jours.
30th April
Leave has started again along with German bombardments
Je pensais recevoir de vos nouvelles hier, mais rien, ce n’est pour aujourd’hui encore, un retard dans la poste. Deux jours sans nouvelles, c’est bien long pour moi, car sans vous chère mignonne, je ne sais ce que je deviendrais.
Les permissions qui étaient arrêtées de nouveau, reprennent demain mais cela va-t-il encore continuer. Je l’espère bien mais, j’ai encore un moment à attendre avant de pouvoir aller embrasser ma chère adorée.
Rien de nouveau, les boches sont en train de nous bombarder sérieusement, gros et petits, quel tonnerre, nous avons des abris heureusement.
Je vous embrasse bien fort, comme je vous aime